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L'EGLISE ORTHODOXE RUSSE A LEIPZIG
PATRIARCAT DU MOSCOU

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1000 ANS D'EXISTENCE CANONIQUE DE L'EGLISE ORTHODOXE RUSSE

En 988, il y a mille ans, les habitants de Kiev, sur décision de leur prince Vladimir, descendaient dans le Dniepr pour y recevoir le baptême. «Ce fut un événement d'une immense portée historique, si l'on considère qu'une grande partie des peuples de l'Europe orientale rejoignit alors la communauté chrétienne », écrit le métropolite Jouvenali, haut dignitaire de l'Eglise orthodoxe russe, dans l'article qu'il lui consacre dans nos colonnes... ("Le Courrier" , juin 1998):

"Le rayonnement culturel d'une religion" (par le Metropolite Jouvenali).

L'EGLISE orthodoxe russe célèbre solennellement cette année le millénaire de la christianisation de la Russie, événement d'une immense portée historique si l'on considère qu'une grande partiedes peuples de l'Europe orientale rejoignit alors la communauté chrétienne.

Il semble toutefois que les germes de la foi chrétienne soient apparus dans ce qui allait devenir la Russie bien avant la date officielle de sa conversion, dès le siècle des apôtres. Selon une légende de l'Eglise russe, saint André, le «premier appelé » parmi les douze apôtres du Christ, aurait fait œuvre d'évangélisation dans ces contrées. Et l'existence d'une «tradition de saint André» attestée entre le 1er et le 3e siècle dans les communautés chrétiennes du littoral septentrional de la mer Noire vient indiscutablement confirmer cette légende. Les fouilles des vestiges d'églises chrétiennes de cette époque à Khersôn, Tanaïs, et Aksaïskoïé (ou Kobiakovo) ont permis d'exhumer plusieurs cachets destinés à la fabrication des prosphores (petits pains ronds pour la célébration eucharistique) et sur lesquels étaient gravées non pas les croix habituelles mais des croix de Saint-André, en forme de X.

Aux 3e et 4e siècles, il y avait aux confins des pays slaves, sur les rivages du nord de la mer Noire, plusieurs diocèses grecs dont la culture et la religion, plus structurées, ne pouvaient manquer d'exercer une influence missionnaire sur les populations slaves locales. Au 6e siècle, poussées par les grandes invasions (Huns, Magyars, Bulgares, Avars), les tribus slaves peuplèrent la quasi-totalité de la péninsule balkanique, poussant jusqu'à l'ancienne Sparte. De cette étroite cohabitation avec les chrétiens grecs naquirent les premières colonies slaves chrétiennes.

Les vies de saint Georges d'Amastris et de saint Etienne de Souroj relatent l'assaut donné vers la fin du ge siècle contre ces deux villes de Crimée par des droujiny (troupes) russes, qui s'y convertirent au christianisme. En 964, c'est tout un Etat slave, la Bulgarie, qui reçoit le baptême. Au 10e siècle, on peut déjà parler des Slaves de l'Est comme d'un peuple où coexistent chrétiens et païens, ainsi que le notait un encyclopédiste et polygraphe arabe de l'époque, Al-Mass'oudi, dans un des volumes de son encyclopédie, Les prairies d'or. Néanmoins, il semble que chez les Slaves du Sud, plus proches de la Bulgarie et de la Grèce, le christianisme ait été plus répandu que parmi les tribus du Nord.

En 957, Olga, princesse de Kiev, reçut le baptême à Constantinople. Elle vécut jusqu'à la fin dans la foi chrétienne et œuvra inlassablement à la répandre parmi les siens, priant Dieu pour que le peuple russe soit touché par la grâce, comme elle l'avait été elle-même. En 999, son petit-fils, Vladimir, baptisa les habitants de Kiev. Ce fut le début d'une évangélisation de grande ampleur. Des pays entiers se détournaient du paganisme et entraient dans la chrétienté européenne: le Danemark, l'Islande et la Norvège au 10e siècle, la Suède au 11e.

La conversion au christianisme fut importante pour la Russie médiévale, car la nouvelle religion introduisait des conceptions entièrement différentes du monde, de l'organisation de la société, du pouvoir de l'état, des relations entre les peuples et des principes moraux. Elle fondait la conscience humaine sur des bases tout à fait autres que le paganisme. L'univers chrétien n'était plus peuplé de dieux répressifs qu'il fallait apaiser par des sacrifices, mais devenait l'oeuvre d'un Dieu de bonté et d'amour. Les hommes étaient tous égaux en dignité : comme le dit saint Paul dans l'Epître aux Galates : «Il n'y a ni Juif, ni Grec... car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus». L'Eglise russe enjoint à ses adeptes d'aimer non seulement leur foi, mais aussi celle des autres. Ceux qui ont reçu le sacrement du baptême se pénètrent des commandements chrétiens, qui interdisent de tuer, de voler, de mentir; et cette morale transcende les frontières nationales, car elle est la même pour tous les peuples chrétiens.

Avec le christianisme, les écrits des pères de l'Eglise, ainsi que ceux des auteurs de l'Antiquité, se répandirent en Europe. Partout, on bâtit des églises, des monastères et des écoles. Partout, des érudits rassemblèrent, en un gigantesque travail de compilation, les légendes nationales : Bède le Vénérable en Angleterre, Adam de Brême en Allemagne et, dans l'ancienne Russie, Nestor le Chroniqueur, auteur présumé de la Chronique des temps passés. Ce fut le commencement d'une période de voyages, de pérégrinations et d'échanges culturels relatés dans des récits célèbres, tels l'Itinéraire en Terre sainte de l'higoumène Daniel, qui date du début du 12e siècle.

Le christianisme favorisa l'essor de l'architecture. Le Prince Vladimir, à peine baptisé, fit construire des églises à Kiev et dans d'autres villes. Ce grand effort de construction jeta les fondements de ce qui devint plus tard l'école d'architecture russe. Cette première époque produisit des chefs-d'œuvre célèbres aujourd'hui dans le monde entier, comme les cathédrales Sainte-Sophie de Kiev et de Novgorod, celle de la Dormition de Vladimir, ou la Laure des Grottes de Kiev.

Les peuples slaves doivent leur littérature à leur évangélisation, œuvre des saints frères Cyrille et Méthode, qui, au 12e siècle, créèrent à leur intention une écriture et traduisirent en vieux slave les évangiles et les livres liturgiques. Sous l'influence des langues locales, le vieux slave prit par la suite des formes légèrement divergentes auxquelles on donna le nom de slavon. Le slavon russe est resté depuis lors la langue liturgique de l'Eglise russe.

Dès cette époque, la littérature russe ancienne peut s'enorgueillir d'auteurs aussi illustres qu'Hilarion, métropolite de Kiev, Cyrille, évêque de Tourov, Daniel le Reclus et les auteurs des vies des pères de l'Eglise (le Paterik de Kiev) : l'évêque Simon et le moine Polycarpe. La prédication missionnaire aux confins de l'Etat et la fondation de monastères permettent de peupler de nouvelles terres et d'étendre le territoire de l'ancienne Russie.

Avec le 13e siècle toutefois, la menace de nouvelles grandes invasions se profila à l'horizon : les Mongols, venus de l'Est, s'abattirent sur l'Etat kiévien en 1237. Trois ans plus tard, la ville de Kiev tombait aux mains du Khan Batou, dont les troupes poursuivirent leur ruée vers l' ouest, semant la désolation sur leur passage. Si leur avance put être arrêtée, ce fut essentiellement grâce à la résistance acharnée de l'Etat russe, qui finit par épuiser les forces mongoles. Deux siècles durant, la Russie ploya sous le joug de la Horde d'Or...

Peu à peu, grâce notamment aux efforts de l'Eglise, les forces patriotiques se rassemblèrent autour d'une cité encore obscure: Moscou. L'inspirateur de cette lutte pour la liberté fut le supérieur du monastère de la Trinité, Serge de Radonège, l'un des plus grands saints de l'Eglise russe. Son nom reste attaché à la bataille de Koulikovo, en 1380, qui fut une grande victoire sur les Tatars et marqua un tournant dans l'histoire de la Russie, laquelle s'achemina désormais vers sa libération. Saint Serge fut l'un des grands fondateurs du monachisme russe. A son instigation, ses disciples se répandirent jusque dans les régions les plus reculées et les plus sauvages du pays,

où ils fondèrent monastères et couvents.

Malgré la dureté du joug étranger, l'Eglise russe maintint, à travers les plus fidèles de ses fils, une spiritualité remarquablement féconde. On bâtit de nombreux monastères - tels que la Laure de la Trinité-Saint-Serge (1337), le monastère du Sauveur-Saint-Andronic (1360), le monastère de Solovki (1429) - où l'on rédigeait des chroniques, instituait des écoles et des bibliothèques et créait ces chefs-d'oeuvres de l'art de l'Eglise orthodoxe que sont les icônes de Théophane le Grec ou d'Andreï Roublev, auteur de la très célèbre Trinité.

On peut considérer que la Russie a commencé de se constituer en un Etat unifié autour de Moscou sous l'influence des métropolites russes St.Pierre (mott en 1326) et St.Alexis (mort en 1378). Et s'il fallait définir d'une manière générale la culture russe de la période moscovite, on pourrait en parler comme d'une culture religieuse. Pendant que le reste de l'Europe se débattait dans la crise de la Réforme, la Russie demeurait profondément imprégnée par l'orthodoxie. Ce fut à cette époque que s'érigèrent des villes qui sont des hauts lieux de l'art orthodoxe russe: Souzdal, Rostov, Pereslavl-Zalesski, Kirillov.

L'architecture relîgieuse produisit également des édifices remarquables, tels que l'église de l'Ascension à Kolomenskoïé, l'église Saint-Jean-le-Précurseur à Diakovo, l'église de l'Intercession-de-la-Vierge sur la place Rouge à Moscou, l'église du Prophète-Elie à Iaroslavl, l'église de la Résurrection sur le Debr à Kostroma et bien d'autres encore. De la peinture d'icône nous sont parvenus les noms d'artistes tels que Dionisi, Prokhore de Gorodets, Daniel Tchernyï, Prokope Tchirin, Istoma Savin, Simon Ouchakov. Un diacre grec, Paul d'Alep, écrivit à leur propos en 1666: «Les peintres d'icônes n'ont pas leur égal sur terre, pour la finesse de leur trait et leur habileté ... Il est dommage que des hommes qui ont ces mains-là soient mortels».

L'héritage de la Russie moscovite se prolongea jusqu'aux 18e et 19ge siècles. Les traditions anciennes inspirèrent de nouveaux chefs-d'oeuvre de la littérature et de la peinture. Nicolas Gogol, Nicolas Leskov, Paul Melnikov-Petcherski, ou encore Fedor Dostoïevski, l'un des écrivains les plus lus dans le monde, ont produit des œuvres fortement teintées de cette spiritualité orthodoxe, a laquelle n'échappent pas non plus, malgré leurs réserves à l'égard de la religion, d'autres génies de la littérature, d'Alexandre Pouchkine et Léon Tolstoï à Alexandre Blok. Il n'est pas jusqu'à Ivan Tourgueniev, malgré son scepticisme, qui n'ait évoqué la piété populaire russe dans son récit Les reliques vivantes. Les œuvres de ces écrivains sont de nos jours traduites en de très nombreuses langues et contribuent au. rayonnement de la culture russe dans le monde.

On ne saurait manquer de souligner l'intérêt des tableaux de Nikhaï Nesterov (1862-l942), Mikhaïl Vroubel (1856-l9l0) et Kouzma Petrov-Vodkin (1875-1939), dont l'art puise ses sources dans la peinture d'icônes. Et les choeurs religieux russes occupent une place de choix dans le patrimoine musical, au même titre que les apports ultérieurs de Dimitri Bortnianski, Petr Tchaïkovski et Serge Rachmaninov.

La philosophie et la théologie russes ont elles aussi laissé leur empreinte dans l'histoire de la pensée européenne occidentale de la première moitié de ce siècle: Il n'est que de citer à cet égard les noms de Vladimir Soloviev (1853-l900), Serge Boulgakov (187l-l944), Pavel Florenski (1882~l943) ou Georges Florovski (1893-l979)...

La célébration cette année (1988) du millénaire de la christianisation de la Russie témoigne de l'immense intérêt que porte l'opinion internationale à notre Eglise, dépositaire d'une tradition orthodoxe dont d'éminents savants ont souligné, lors des réunions préparatoires tenues à Kiev en 1986 et à Moscou en 1987, les liens étroits avec la culture russe.

L'importance de la culture religieuse russe peut être mesurée à l'étendue de son influence, au cours du millénaire de son existence, sur les peuples d'Europe, d'Asie et d'Amérique. Cette influence s'étendit, à différentes périodes de son histoire, sur la Finlande, le Pologne, la région de la Volga, le Caucase et la Transcaucasie, la Sibérie occidentale, la Yakoutie, le Kamtchatka, la région de l'Alaska, les îles Aléoutiennes, l'Amérique du Nord, le Japon, l'Asie centrale, la Corée et certaines régions de la Chine.

L'activité missionnaire de l'Eglise russe sur ces immenses territoires rallia au christianisme plus de 40 ethnies différentes. Nombre d'entre elles reçurent ainsi une écriture qui permit de lire les Evangiles dans leur langue. La culture religieuse russe marqua fortement leurs traditions populaires: c'est ainsi que son influence reste décelable dans les arts, la musique, l'architecture et les chants des églises orthodoxes d'Amérique, du Japon, de la Finlande et de bien d'autres pays...."

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